Tu n’as plus rien à faire, la machine est lancée, tout le monde autour de toi a entendu parler du Grand Prix de F1 ce week-end : accident, duel exceptionnel entre Verstappen et Leclerc, Hamilton en perdition…
Le soleil ne les intéresse plus, place à ton analyse F1 !
La Formule 1 en mode business
Avant d’attaquer le Grand Prix de ce week-end, il va falloir parler de la bombe lâchée par Stephano Domenicali, le nouveau patron de la Formule 1 en pleine semaine.
Stephano nous raconte en conférence de presse – alors même que notre saison est lancée et que l’adrénaline ne cesse de monter – qu’il serait possible d’un, augmenter le nombre de grands prix par saison jusqu’à 30 (actuellement composé de 22), de deux, éventuellement supprimer des grands prix historiques.
Stephano, on va avoir un petit problème là. On n’est pas à la kermesse de Saint-Glieu-les-évangiles où tu annonces à tout le monde que le chamboule-tout sera remplacé par une mare aux canards…
Tu veux éventuellement supprimer quoi ? Spa et Monaco ? 2 des circuits les plus mythiques de la F1 ? Et tout ça pour les remplacer par des circuits où les marchés sont, je cite “prometteurs”, et tu veux nous coller 30 grand prix par saison ?!
Est-ce que moi, je viens te voir pour te dire que l’Italie s’est faites éliminer des qualifications à la coupe du monde ?
Pour développer un peu l’analyse, on peut plutôt interpréter ces propos comme une marge de négociation pour le patron de la F1. Le marché est en plein développement et beaucoup de pays / circuits viennent taper à la porte de la compétition sportive.
C’est un bon moyen de rappeler aux promoteurs de Grand Prix se croyant intouchables que d’autres circuits attendent leur tour et qu’il faudra donc répondre aux exigences de la Formule 1.
C’est certainement avant tout un moyen de pression afin d’obtenir différentes garanties. Cependant, d’un autre côté, il va falloir faire particulièrement attention à respecter l’essence (ou le diesel) de ce sport et de ces fans.
Sans me vanter, c’est le meilleur jeu de mots de ce blog…
Quand on voit le temps qu’on a mis à se débarrasser de la purge du Grand Prix de Russie qui n’a été supprimé du calendrier qu’à cause des événements tragiques qui se déroulent en Ukraine…On ne va pas nous faire croire qu’on y était pour le spectacle !
Puisque je suis lancé sur le sujet, on aimerait bien éradiquer du calendrier certains circuits qui ne présentent aucun intérêt et où, chaque année, a lieu un Grand Prix insipide :
- – Melbourne (aucune possibilité de dépassement)
- – Barcelone (peu de possibilités de dépassement, des écarts de performances énormes)
- – Abu Dhabi (dépassements trop simples, circuit inintéressant)
- – Le Castellet. En même temps, La France possède le circuit de Magny-Cours, un superbe tracé et on nous inflige ce circuit d’un intérêt inexistant qui ne nous a rien apporté comme spectacle depuis 3 ans !
Ce qui rend un tracé spécial, c’est sa difficulté et la variation de ses virages.
Quant aux 30 Grand Prix par saison, c’est encore pire. J’ai connu une époque (et voilà, je parle comme un grand-père alors que j’ai 33 ans) où il n’y avait que 15 Grand Prix par saison. Et devinez quoi ? C’était super !
La discussion a déjà fait largement réagir les équipes dans le paddock et les fans lorsqu’on est passé au-dessus de 20. Mais 30… Comment les ingénieurs peuvent-ils tenir ce rythme ? Est-ce qu’un pilote peut avoir une vie à côté de sa carrière ?
Les équipes ont évoqué la possibilité d’organiser des roulements sur les ingénieurs mais faudrait-il encore avoir le budget qui va avec ?! Or, aujourd’hui, on a imposé une réduction des coûts en F1 pour des raisons logiques et dans le but de resserrer le plateau.
Pour les pilotes, cela a encore moins de sens. On ne peut pas scinder le championnat en deux ou faire appel à un remplaçant en son nom.
Imagine Hamilton faire une moitié de saison avec 40 points d’avance puis être remplacé par Bottas pour terminer le championnat. Devine quoi ? En fin de saison, Lewis finit 3e, supprime son compte Instagram et annule ses vacances en Finlande.
Les fans de foot se retrouveront dans cette discussion puisqu’ils sont confrontés au même problème avec la multiplication des matchs. Plus il y a de Grand Prix, moins ceux-ci ont d’intérêt. C’est en raréfiant la cadence des évènements d’une compétition que celle-ci prend de la valeur.
Le circuit de Djeddah en Arabie Saoudite : une organisation qui pose question
Dès l’arrivée des pilotes, un sujet déjà d’actualité l’année dernière a vite été remis sur la table : le niveau de danger du circuit.
– “Mais dis-moi, c’est directement en lien avec ton chapitre 1 de remise en cause des circuits ? Quelle construction narrative ! ”
– “ Tout à fait, en même temps, 19 en philo au BAC : thèse, antithèse, synthèse. BIM, BAM, BOUM… ”
Non, je déconne, j’ai eu 11/20.
Si le Grand Prix de Djeddah représente un défi pour les pilotes avec ses courbes à haute vitesse, il comporte un problème majeur. C’est un circuit en ville avec un nombre incalculable de virages rapides “à l’aveugle”.
Tu imagines le petit virage à l’aveugle que tu prends à 20 km/h en fixant le miroir avec la goutte de stress qui coule le long de ton visage parce que tu as peur d’éclater un bébé chiot ?
Là, c’est exactement pareil, sauf qu’il n’y a pas de miroir, que tu es à 250 km/h et que les murs sont à 2 mètres de toi.
Tu as beau être un pilote aguerri, rien ne peut te permettre d’anticiper une voiture à l’arrêt ou au ralenti. Le danger est accentué par un tracé urbain avec des barrières parfois sans protection et peu de zones de dégagement. Tu as finalement le choix entre te prendre un mur ou une voiture.
Bon, si c’est la dernière “Twizy E-Tech électrique” de Renault, choisis de percuter la voiture, tu vas même pas abîmer une jante là-dessus.
Si tu as regardé l’épisode 9 de “Drive to Survive”, tu dois te souvenir du carambolage en début de Grand Prix sur le circuit de Djeddah.
Après les retours négatifs de l’ensemble des pilotes auprès de la FIA (site officiel de la FIA), on s’attendait à des changements majeurs afin de garantir la sécurité des pilotes.
Malheureusement, l’ensemble du paddock a été déçu. Seules quelques portions ont été élargies de quelques centimètres. En l’état, le circuit reste beaucoup trop dangereux et le travail engagé est clairement insuffisant.
Samedi, en qualification, Mick Schumacher (pilote chez Haas) est monté sur une bordure et a perdu le contrôle de sa monoplace, allant percuter le mur à près de 250km/h. Un choc énorme qui a quasiment désintégré l’essentiel de sa voiture exceptée la cellule de survie.
Le fait que les images du crash ou de la sortie de “baby Schumi” ne soient pas diffusées ont d’ailleurs créé une atmosphère très pesante sur le circuit. Aucune information n’a filtré sur l’état de santé du pilote Haas pendant près de 40 minutes…
On vous rassure, il va bien, mais n’a évidemment pas pu participer à la course le lendemain.
Si la sécurité en piste a été problématique, elle l’a été encore plus en dehors ! Personne n’est passé à côté du fait que pendant les essais libres, le vendredi, des révolutionnaires Yéménites ont attaqué une installation pétrolière à quelques kilomètres seulement du circuit.
En effet, l’Arabie Saoudite est, elle aussi, en “intervention militaire spéciale” au Yémen. La complaisance de la F1 à ce sujet est plus que dommageable. Elle a pourtant agi rapidement avec Sotchi…
Pour ne rien arranger, un marshal – dont le métier est de tout mettre en place pour la sécurité des pilotes sur le circuit – a tweeté qu’il espérait un crash d’Hamilton identique à celui de Grosjean. La raison ? Le fait pour le britannique de ne pas se sentir à l’aise dans un pays ne respectant pas les droits de l’homme.
Autant dire que Lewis ne l’a pas très bien pris ! Pas à propos du crash, ça il s’en moque, du moment qu’il peut emporter Verstappen avec lui. Mais le comparer à Romain Grosjean, ça fait mal à l’ego…
Évidemment, la capacité de la F1 à s’accommoder de certains faits afin de privilégier la partie financière connaît certaines limites, particulièrement avec une telle exposition.
Dans tous les cas, le bilan de ce Grand Prix de Djeddah est catastrophique pour le promoteur du circuit.
Mercedes dans les cordes, Magnussen, Haas et Alfa Romeo confirment
C’est donc officiel, Mercedes semble être la 3e force du plateau. Loin malheureusement derrière Ferrari et Red Bull, ce qui est une source d’inquiétude majeure pour l’écurie 8 fois championne du monde.
A Djeddah, sur un circuit où pourtant l’écurie Mercedes avait étalé sa supériorité en novembre 2021, les 2 voitures ont affiché un niveau de performance terrible.
Si Russell a su tenir le coup pour arracher une 5e place, Hamilton est complètement passé à travers ses qualifications ce qui l’a mis très en difficulté sur une course où, il est vrai, il n’a pas été aidé par les différentes interventions de la “virtual safety car”.
Résultat, il finit 10e et se trouve déjà à 29 points de Leclerc au championnat. Lorsque l’on sait que l’année dernière, il était au plus loin à 33 points de Verstappen, la lutte pour le titre semble déjà compliquée.
Le pilote dont tout le monde parle en ce moment, c’est “Kevin Magnussen”. Il s’agit de l’ancien coéquipier de Romain Grosjean chez Haas. Après l’éviction de Mazepin (Voir article pré-saison), il a été rappelé dans son écurie à la dernière minute.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Kevin brille. Magnussen nous a gratifié d’une 5e place méritée au 1er Grand Prix et a remis le couvert avec une jolie 9e place ce week-end !
La Haas semble performante en qualification comme en course en ce début de saison et s’annonce comme une candidate potentielle en tant que 4e force du plateau en lutte avec Alpine.
Car oui, Alpine est finalement en meilleure forme que prévu ! Il reste des ajustements à faire, mais le duo Alonso – Ocon fait déjà des merveilles. Qui plus est, on les laisse se battre en piste et c’est un véritable bonheur à regarder !
Et ce ne sont pas les seuls ! Devinez qui a retrouvé son ego, sa dignité, son pilotage ? Ce bon vieux Bottas qui, au volant d’une Alfa Romeo revigorée, est en train de nous gratifier de qualifications et de courses solides ! Bon, il a toujours un problème avec ses départs et, ce coup-ci, il a dû abandonner pour cause de refroidissement moteur. En même temps, t’es plus chez la machine allemande Valtteri…
Il est très important d’écrire un petit mot pour Sergio Perez chez Red Bull qui a fait un week-end absolument sublime. Une pôle position, un départ réussi, tout était là pour inscrire une victoire solide à son palmarès.
Malheureusement, il s’est pris ce qu’on appelle désormais « une Lewis à Abu Dhabi ». Latifi a percuté le mur alors que Perez venait de rentrer au stand. Résultat : Leclerc, Verstappen et Sainz sont passés par les stands pour un arrêt très avantageux. Il ressortira 4e après ce coup de malchance et laissera son coéquipier s’occuper de Charles Leclerc pour la victoire.
En ce qui concerne nos 2 stars du moment, Charles et Max, je crois que les images parlent plus que les mots. Ces deux-là nous ont encore une fois offert une bataille splendide.
Intelligence de course, audace et un nouveau jeu autour de la gestion de la double zone DRS (Voir article DRS à Bahreïn).
Tout cela dans un grand respect mutuel, je vous laisse admirer cela : Vidéo du duel Verstappen – Leclerc à Djeddah.
Prochain rendez-vous en Australie à Melbourne le 10 avril sur un tracé urbain plutôt lent qui devrait convenir à l’écurie Ferrari.
On espère que les modifications apportées au tracé vont dynamiser la course qui a trop souvent offert un spectacle bien terne.