F1 Grand Prix de Monaco 2022 : les enseignements

F1 Grand Prix de Monaco 2022 : les enseignements

Ce week-end, pour le Grand Prix mythique de Monaco, tu avais décidé de vider ton porte-monnaie virtuel de toute sa crypto-monnaie afin de miser sur une victoire de Lewis.

C’était une évidence puisque Toto avait annoncé le grand retour de Mercedes la semaine dernière!

Malheureusement, avec la victoire de Perez, je te laisse expliquer à ton ou ta compagne pourquoi le prêt pour votre maison en Camargue sera repoussé de 10 ans.

On ne va pas tous passer un bon week-end visiblement…

Ferrari saborde sa course et celle de Charles Leclerc

Leclerc en pôle, un départ réussi, un rythme d’enfer, cela ressemble fortement à la semaine dernière tout cela. Même la pluie ne semblait pas le perturber. Et pourtant, le monégasque termine à une bien triste 4e place.

Comment en est-on arrivé à cette situation au sein de la Scuderia?

La pluie s’est tout simplement invitée en principauté et a ouvert une fenêtre d’opportunité que Sergio Perez et Red Bull ont su saisir.

Et cela en grande partie car ils ont surclassé stratégiquement la Scuderia ! 

Décryptons ensemble cette masterclass de Red Bull sur Ferrari.

Christian Horner et Mattia Binotto

Tout d’abord, Red Bull, voyant la piste s’assécher, va décider de faire rentrer au stand Sergio Perez afin de le chausser de pneus intermédiaires.

Le pneu intermédiaire correspond à une fenêtre de performance entre une piste totalement trempée et une piste totalement sèche.

Dans des conditions où une piste trempée s’assèche, les pneus intermédiaires s’avèrent très performants et Perez enchaîne les temps rapides.

Sainz et Leclerc, voyant la piste s’assècher rapidement, pensent alors qu’il est plus judicieux de rester en piste quelques tours afin de chausser directement des pneus secs économisant de ce fait un arrêt.

Cependant, la Scuderia, affolée par l’écart de rythme et les temps canons de Perez, va précipiter la rentrée au stand de Leclerc deux tours après le mexicain.

Cette erreur est d’autant moins compréhensible qu’avec l’avance dont bénéficiait Leclerc avant son arrêt au stand, il serait ressorti devant Perez en rentrant le tour d’après !

Mais, en rentrant après un tour supplémentaire, Ferrari a permis au mexicain de reprendre le temps nécessaire pour ressortir devant Leclerc.

A ce stade, Ferrari n’a pas tout perdu pour autant puisqu’il reste Carlos Sainz en tête. Il se doit de résister à Perez en espérant que la piste soit suffisamment sèche pour rentrer au stand avant lui.

Il pourrait alors théoriquement s’assurer un rythme en sec supérieur à son adversaire et ressortir devant le mexicain.

En Formule 1, on appelle tout ceci “l’undercut”. Le principe est simple : vous rentrez au stand avant votre adversaire et, chaussé de pneus neufs, vous roulez plus vite que lui.

Lorsque votre adversaire rentre au stand, il ressort derrière vous puisque, pendant plusieurs tours, vous lui avez repris un temps considérable. C’est ce qui s’est passé sur Charles Leclerc lors de son premier arrêt.

Mais dis moi Jamie, l’undercut ça marche à tous les coups, c’est génial ça ?!

Et non, l’undercut ne marche pas toujours ! 

Sinon, les stratèges de Formule 1 ressembleraient tous à l’amical des lanceurs de curling de la région Alsace-Lorraine !

Dans ce cas précis, la piste était encore humide et la mise en température des pneumatiques secs était plus lente qu’habituellement.

A tel point que, pendant leur tour de sortie, Sainz et Leclerc sur une piste sèche mais encore très froide allaient moins vite que Perez et Verstappen en pneus intermédiaires !

Ferrari aurait pu l’anticiper en observant les voitures du fond de peloton rentrer au stand avant eux afin de chausser des pneus secs.

Ce petit tour de mise en chauffe va coûter la 1e place à Sainz et la 3e à Leclerc au profit respectivement de Perez et Verstappen qui rentreront 1 tour après les Ferrari.

A partir de là, sur sec, tu peux éteindre ton écran, on est à Monaco. Il n’y a pas moyen de passer, encore moins avec une trajectoire extérieure légèrement humide.

Bon, sauf Pierre Gasly, depuis qu’il a gagné Monza, il s’est transformé en Hulk !

Le bilan comptable est sévère pour Ferrari et surtout Leclerc qui méritait mieux. De l’autre côté, Perez signe une victoire méritée et se rapproche à seulement 15 petits points de Verstappen.

Perez au top, Riccardo sur la sellette

En effet, le mexicain ne cesse d’impressionner cette année. En s’imposant à Monaco, il démontre qu’il est en grande forme cette saison et reste un outsider sérieux au championnat du monde pilote 2022.

Et à vrai dire, ce n’est pas une surprise ! Puisque, si on y regarde de plus près, sur les 7 Grand Prix disputés pour le moment :

    – Il aurait remporté le Grand Prix de Djeddah sans l’intervention de la voiture de sécurité.
    – Sans une préférence stratégique de son équipe Red Bull pour Verstappen, il aurait pû remporter le Grand Prix de Barcelone.

Le mexicain, qui s’est affirmé en haussant la voix après cette décision discutable, va donner du fil à retordre à son équipe dans ses futurs choix stratégiques.

Si Carlos Sainz s’appuie sur ce bon résultat à Monaco pour remonter la pente, les pilotes “numéro 2” vont sérieusement s’immiscer dans le duel Verstappen / Leclerc !

De l’autre côté du paddock, dans le stand Mclaren, l’orage gronde.

Tiens, je viens de voir passer Daniel déposer son C.V au bar d’en bas, il a compris le filon avec la pénurie de serveur. Allez hop, celle-là elle est cadeau !

Je te vois venir mais je n’ai rien commencé du tout, c’est son directeur Zak Brown qui s’est mis à la boxe ce week-end !

Zak Brown directeur F1 de Mclaren

Lorsqu’on lui a demandé s’il était satisfait du rendement de son pilote, il a foudroyé l’australien d’un high-kick avec ces propos :

« À part en 2021 au Grand Prix de Monza ainsi que d’autres courses, le niveau n’est ni aux attentes de Daniel ni des nôtres. »

Il n’en fallait pas plus à notre Ricci pour sentir la pression et s’envoyer dans le mur en essais libres 2 sabotant ses chances de tester des réglages et donc de bien figurer en qualifications.

Je ne parle même pas des coûts de réparation alors qu’on a un plafond budgétaire très strict cette année.

Après des qualifications en 14e place alors que Norris se hissait au 5e rang sur la grille, Zak Brown a donc repris son entraînement pour assainir un uppercut double kick-max super punch triple dunk (Mes plus plates excuses aux fans de boxe) en déclarant :

« Je ne souhaite pas m’exprimer sur le contrat mais il y a des mécanismes sur lesquels nous nous sommes engagés et d’autres non. Nous en avons discuté avec Daniel. Nous n’obtenons pas les résultats voulu des deux côtés mais nous allons continuer à avancer ».

Voilà qui en dit long sur la situation actuelle de Daniel Ricciardo. En grande difficulté depuis presque 1 an et demi face à Norris, la coupe semble pleine chez Mclaren.

Il faut dire que l’australien, fort de ses précédentes victoires chez Red Bull, bénéficiait d’un statut qui, pour sûr, a dû compter dans les négociations de son contrat.

Désormais, la pression est énorme sur ses épaules, car aucune équipe en ce moment ne souhaiterait miser sur un pilote assez cher et en manque de résultats.

Et malheureusement, l’australien n’a pas impressionné suffisamment chez Renault où il a connu une adaptation très longue (plus de 6 mois) avant de délivrer des résultats probants.

Ricciardo est en danger, il le sait et son visage lors des interviews en dit long sur son état d’esprit actuel : interview d’après course Monaco F1 2022

Daniel Riccardio et Max Verstappen F1

La façade de son sourire légendaire ne masque plus vraiment une déception et une vérité difficile à digérer : sa place en F1 est désormais sur la sellette.

Les nouvelles directives de course 2022

Je rappelle avant toute chose que nous avons terminé l’année dernière en crucifiant les décisions incompréhensibles de Michael Masi mises en exergue sur le dernier Grand Prix d’Abu Dhabi 2021.

Cette année, nous avons 2 directeurs de course (bientôt 3) qui font office d’arbitres et des commissaires qui décident des éventuelles sanctions attribuées.

Sur ce Grand Prix de Monaco, on a eu le droit à 2 décisions pour le moins très contestables.

La première, c’est la tentative de dépassement de Lewis sur Ocon. Il est venu harponner l’Alpine mais c’est le français qui écope de 5 secondes de pénalité !

La seconde, c’est la sortie des stands de Verstappen qui vient mordre sur la ligne de sortie des stands et n’est pas pénalisé !

Afin de justifier la première décision, les commissaires se sont référés au changement de réglementation dû aux accrochages multiples entre Verstappen et Hamilton l’année dernière.

accrochage entre Albon et Hamilton Bresil F1

La conclusion de cette réflexion, c’est que le pilote plongeant doit bénéficier de l’espace nécessaire pour dépasser si, à l’abord du virage, il a son aileron avant devant celui de son adversaire.

Sur le papier cela fait sens, sauf que dans la réalité, ce n’est pas du tout adapté…

Un pilote qui tente donc désormais un dépassement de dernière minute en « dive-bomb » mal contrôlé doit avoir la place de prendre le virage.

Et si le pilote qui subit cela a le malheur d’effleuré cette attaque suicidaire, il prendra une pénalité. Tout va bien !

Rien de révolutionnaire, on appelle cela les auto-tamponneuses aujourd’hui. 

Tout ce qu’il y a de plus logique dans une voiture qui prend un virage à plus de 250km/h…

Pour ce qui est de la ligne franchie, c’est la découverte du week-end pour tout le paddock !

Désormais, il faut avoir une roue entière qui dépasse la ligne pour être pénalisé.

Le changement de règlement avait été effectué mais, accroche-toi, mal recopié dans les notes adressées aux équipes…

PS : N’achète pas ce livre, c’est uniquement pour le besoin de la vanne.

L’année dernière, les critiques ont fusé sur les commissaires qui se permettaient systématiquement d’interpréter le règlement.

Sauf que, désormais, ils font tout le contraire et l’appliquent à la lettre sans même prendre le temps d’analyser l’incident.

Que la règle sur la ligne blanche soit uniformisée, soite, il faut simplement en avertir les équipes avant.

Mais alors cette histoire d’avantage systématique à l’attaquant sur toute tentative de dépassement, ça n’a pas de sens.

On ne demande pas aux commissaires d’être de simples exécutants mais d’exercer un métier de réflexion autour de règles précises.

La Formule 1 a encore besoin de parfaire cette nouvelle gestion, et ne doit pas, à cause des problèmes rencontrés l’année dernière, s’engager sur des décisions trop extrêmes.

Puisse le temps et les retours constructifs des pilotes, écuries, experts, apporter un équilibre dans ces décisions.

Un nouveau challenge pointe déjà le bout de son nez pour les commissaires à Bakou, en Azerbaïdjan, où les accidents et accrochages sont souvent nombreux.

Rendez-vous le 12 juin pour la suite du duel au sommet entre Ferrari et Red Bull sur un circuit passionant !

El mago

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