Tabernacle, on s’est pas achalé ce week-end ! Entre les qualifications sous la pluie des chars samedi et les différentes stratégies de robeurs qui ont émergées, le week-end a commencé sur les patins !
Bienvenue au Canada, où le spectacle de la course a été au rendez-vous et la polémique comme toujours très présente en Formule 1.
La guerre du marsouinage
Jusque là, je ne sais pas si tu l’as remarqué mais je t’ai laissé tranquille avec le fameux “marsouinage”. Pourquoi n’ai-je donc jamais évoqué cette notion qui vampirise les discussions F1 ?
Tout simplement parce que j’imagine que même “Tibo in Shape” a sauté sur l’occasion pour faire une vidéo explicative claquée au sol pour gratter des vues.
Je vais essayer de résumer le sujet de manière concise.
La voiture cette année est plus lourde que l’année dernière puisqu’elle pèse au minimum près de 43 kilos de plus. Pour ma part, je n’ai pas le souvenir d’une voiture aussi lourde et pourtant je suis la F1 depuis presque 30 ans.
Je vais enfoncer des portes ouvertes mais développer des modèles de voiture encore plus lourds cela veut dire consommer plus d’énergie pour déplacer une masse.
Quid des questions d’optimisations et d’un mot tabou en F1 : l’écologie ? On y est pas encore…bref.
Cette année, la voiture doit peser au minimum 795 kilos (contre 752 en 2021) comprenant le poids du pilote et de son équipement. Assez logiquement, le bas de la carrosserie est beaucoup plus proche du sol.
De ce fait, avec la vitesse, l’air a tendance à exercer un effet puissant de succion sur la voiture. ( Il est d’autant plus puissant que la carrosserie n’est pas assez rigide et ne permet donc pas d’encaisser ce flux d’air )
Cela a pour conséquence, particulièrement dans les lignes droites, d’aspirer la carrosserie vers le sol. Ensuite , sous la pression de cet air extrêmement compressé combiné à l’air entrant, la carrosserie est comme rejetée afin de libérer de l’espace.
Concrètement, en ligne droite, dès que la monoplace atteint une certaine vitesse, elle subit des rebonds.
C’est un phénomène que tu pourras facilement reproduire avec ta twingo quand tu tapes une pointe à 92 km/h sur la départementale.
Petit rappel néanmoins pour la prochaine fois, il y a 5 km/h de marge sur les radars, le signe du majeur n’est donc pas nécessaire.
Le souci pour un pilote, c’est que le marsouinage est très désagréable. Ces rebonds à forte vitesse sollicitent le dos de manière intense.
Le sujet, déjà très largement au centre de l’attention, a littéralement explosé à la sortie du cockpit d’Hamilton en Azerbaïdjan. Le dos en compote, Lewis a mis plus de temps à sortir de sa voiture qu’après la fin du grand prix d’Abu Dhabi l’année dernière.
Sainz avait largement interpellé la FIA sur le sujet en expliquant les conséquences à long terme sur la santé des pilotes.
Mercedes, de son côté, insiste lourdement sur ce phénomène depuis le début de l’année expliquant que ce n’est pas gérable et qu’une régulation doit avoir lieu.
Un lobbying opportuniste à l’extrême rabâché par l’écurie et ses 2 pilotes en 2022.
Et si on changeait la réglementation afin d’obliger les équipes à revoir leur conception et ainsi donner une chance à Mercedes de concevoir un bolide capable de coller 1 seconde à tout le plateau ?
Je suis sûr que cela a manqué à tous les fans…
Seulement voilà, toutes les écuries ne sont pas affectées de la même manière par le marsouinage.
Si Mercedes en subit les conséquences, chez Ferrari, le phénomène est plus acceptable. Quant à Red Bull, il est casi inexistant.
Christian Horner, ceinture noir de la punchline, n’a donc pas tardé a répliqué à distance à son meilleur ami Toto Wolff en lui suggérant de concevoir une meilleure voiture, rien que ça.
Car il est vrai que le marsouinage est avant tout un problème de conception.
Un phénomène amplifié par des réglages qui se concentrent sur une hauteur de caisse très faible.
Il a fallu choisir entre la santé du pilote ou les performances de la voiture, alors même que, de l’aveu de Gasly, les pilotes sont obligés d’accepter de faire des concessions face à la pression de leur écurie.
Face aux remontrances des pilotes et au lobbying de Mercedes pour faire avancer les choses, la FIA a finalement réagi.
Sauf qu’il est vrai, elle l’a fait de manière très intelligente. Elle n’a pas appliqué un changement de réglementation qui affecterait toutes les écuries y compris celles qui ne sont pas impactées par le marsouinage.
Elle a décidé de placer des capteurs sur les voitures afin de relever l’ampleur du phénomène. Si l’écart dépasse un certain seuil, c’est à dire que le rebond est supérieur à une zone de tolérance, l’écurie est obligée d’appliquer des changements afin de relever sa hauteur de caisse. Et cela même au détriment de ses performances.
Pour que tu saches à quel point le phénomène se joue à peu de choses, on parle d’une dizaine de millimètres.
Comme quoi, en Formule 1, tout est une question de détails.
Alonso : le chat noir
Fernando ô Fernando, pourquoi si peu de points avec Renault ?
Auteur d’une prestation éblouissante sous la pluie au Canada en qualifications, l’asturien, à 40 ans, continue d’éblouir le paddock.
Présent dans le top 5 à toutes les séances d’essais libres sur le sec ou la pluie, il a su passer entre les gouttes pour décrocher une deuxième place sur la grille de départ.
Une performance exceptionnelle qui est venu s’ajouter, mise à part son week-end monégasque à oublier, à des performances jusque là très solides.
En course, s’ il a dû s’effacer face à Sainz, il a maintenu un rythme remarquable à 10 secondes de la Ferrari jusqu’au 20e tour.
En bataille directe avec les 2 Mercedes pour la 3e place, les premiers ennuis sont arrivés avec l’arrivée de la virtual safety car qui s’est déclenchée alors que Fernando venait de passer l’entrée des stands.
Celle-ci a offert une fenêtre pour Mercedes et Hamilton qui a ainsi bénéficié d’un arrêt au stand moins coûteux en temps (environ 10 secondes en moins).
Alonso n’aura pas eu le temps de l’imiter, la voiture de sécurité virtuelle s’arrêtant juste avant qu’il aperçoive l’entrée des stands dans le tour suivant…
A la suite de cela, un problème est apparu sur le moteur de Fernando lui faisant perdre presque 1 seconde par tour.
Pour achever le tout, une voiture de sécurité est intervenue à une quinzaine de tours de la fin, resserrant le peloton et l’envoyant sous la menace directe des 2 Alfa Romeo.
Grâce à un jeu d’équipe où Ocon est resté devant à moins d’une seconde pour faire bénéficier l’espagnol du DRS, il est arrivé à défendre sa 7e place.
Malheureusement, face à la frustration du déroulement de cette course, l’espagnol a zigzagué pour défendre sa 7e position devant Bottas ce qui lui coûtera 5 secondes de pénalité méritées.
Échouant finalement à une 9e place, Fernando Alonso n’est décidément pas récompensé d’un week-end sur lequel il a pourtant montré tout l’étendu de son talent.
Encore une fois Alpine impressionne, encore une fois l’écurie n’arrive pas à concrétiser clairement sa domination sur le milieu du peloton.
Cette 4e place constructeur est décidemment bien plus dure que prévue à valider.
Verstappen s’envole, Leclerc impuissant, Hamilton : le début d’un comeback ?
Dès l’arrivée du week-end le suspense du duel “Leclerc-Verstappen” a été éteint.
Avec l’ensemble des problèmes rencontrés jusque là, Charles Leclerc et Ferrari ont dû changer des pièces moteurs irrécupérables suite à l’abandon en Azerbaïdjan.
Au vu de la configuration de la piste où il est plus facile de dépasser, ils ont choisi de changer plus de pièces quitte à prendre plus de pénalités sur la grille, envoyant de ce fait Leclerc en fond de grille.
Le quota est déjà dépassé, une situation inquiétante à ce stade de la saison.
Pourtant, sur la piste canadienne, Ferrari semblait dans le coup. Sainz s’est montré extrêmement rapide et a été une menace constante pour Verstappen sans pour autant parvenir à le dépasser.
Quant à Leclerc, après quelques dépassements bien sentis, il est remonté à cette 5e place qui était un objectif honnête compte tenu de sa position de départ sur la grille.
La bonne nouvelle du week-end, c’est le rythme surprenant de Carlos Sainz, en lutte pour la victoire. Très en confiance, l’espagnol pourrait avoir eu le déclic nécessaire dans cette saison si compliquée pour lui.
Si Sainz se met au diapason du niveau de Perez, qui lui a passé un week-end à oublier, nous pourrions enfin assister à une lutte plus équilibrée entre Red Bull et Ferrari.
En effet, Carlos Sainz pourrait s’avérer un allié précieux pour Leclerc qui a fortement besoin d’un peu de chance malgré des prestations remarquables pour revenir dans la lutte au titre pilote.
En attendant, l’écart se creuse et Verstappen, une fois de plus impérial, continue de s’envoler au championnat avec une nouvelle victoire.
Mais attends, ne serait-ce pas ce bon vieux Lewis qu’on aurait vu sur le podium ce week-end ?
En voilà un qui a enfin réussi son week-end de bout en bout ! Bonne stratégie de Mercedes, un rythme supérieur à Russell, le septuple champion du monde s’est enfin montré à l’aise.
Et pourtant ce n’était pas parti sous les meilleures auspices. Après la première journée d’essais libres, le britannique s’est encore une fois plaint du phénomène de marsouinage exacerbé de sa monoplace et du manque de grip de celle-ci.
Mais, au prix d’un changement radical de réglages, il a refait son apparition dans le top 5 en se qualifiant 4e sur la grille sous la pluie.
Les réglages effectués ayant impacté positivement les effets du marsouinage sur sa voiture, Lewis a semblé beaucoup plus à l’aise et détendu. Conscient d’avoir dominé pour la première fois de la saison Georges Russell sur l’ensemble d’un week-end de course à la régulière, le sourire était perceptible sur le britannique à la fin de la course.
Un petit mot sur Haas F1 team et sur Mick Schumacher. On le sait, le pilote était en difficulté sortant d’une performance catastrophique en termes de rythme au Grand Prix d’Azerbaïdjan.
Ce week-end, il s’est illustré en se qualifiant 6e sur la grille sous la pluie avant de résister en piste à Zhou sur son Alfa Romeo pour la 7e place.
Pas épargné par les coups du sort, il a malheureusement dû abandonner sur problème moteur. Un crève-cœur pour le paddock qui rêvait de voir baby schumi marquer ses premiers points en F1. Néanmoins, la confiance sera peut-être retrouvée après cette prestation remarquée.
Si Magnussen s’est montré décisif en début de saison, on commence petit à petit à retrouver le pilote frustré et trop agressif des années précédant sa mise en retraite par Haas.
Trop agressif sur Lewis, il abîme son aileron inutilement dans le premier tour et compromet sa course.
L’écurie américaine qui affiche pourtant des performances intéressantes, continue de perdre des points sur des accidents et des problèmes de fiabilité.
Elle laisse petit à petit s’échapper Alpha tauri au championnat dans la lutte à la 7e place et se fait même dépasser par Aston Martin.
Prochain rendez-vous dans le temple de la F1, à Silverstone, où Charles Leclerc s’est montré brillant l’année dernière, et où Lewis Hamilton à domicile sera très attendu.