F1 Grand Prix de Grande-Bretagne 2022 : les enseignements

F1 Grand Prix de Grande-Bretagne 2022 : les enseignements

Je ne sais pas vous mais moi j’ai perdu au moins 16 litres d’eau ce week-end et je peux vous dire que c’est pas à cause de la chaleur !

Mieux que Neil Armstrong en démonstration de breakdance sur la lune ou même la seconde tête de Zidane en 1998 devant un stade en furie !

Ce week-end nous a offert un spectacle dantesque et des duels titanesques en piste.

Enfilez vos gants et votre casque : “Bienvenue au paradis et au temple du sport automobile, bienvenue en Formule 1 !”

Ferrari : Une stratégie pas très claire

Carlos Sainz vient donc de remporter son premier grand prix au volant de sa Ferrari ! Qui l’eut cru, lui qui s’était amusé à faire quelques donuts en forme de tapas en début d’année dans le bac à gravier (Melbourne).

Une joie qui n’a pas pu être partagée avec Charles Leclerc.

L’avantage c’est que comme ça se répète chaque semaine pour Leclerc, je me fais des petits copié-collé. C’est toujours ça de gagner !

Encore une fois Charles Leclerc était en bonne voie pour de très gros points, encore une fois Ferrari l’a abandonné. Que ce soit lorsque sa voiture le lâche ou lors des stratégies douteuses de son équipe, le résultat est dramatique au plan comptable.

Depuis l’Espagne, soit depuis 5 courses, Charles Leclerc a marqué 34 points seulement.

A titre comparatif, voici le ratio de ses principaux concurrents :

    – Sainz : 74 points
    – Perez : 81 points
    – Verstappen : 96 points
    – Lance Stroll : 1 point
Lance et Lawrence Stroll Scuderia Driver Academy

Vous moquez pas, moi j’y crois à ce mec, il lui faut juste une meilleure voiture et plus d’argent !

Vous ne savez pas ce que c’est d’avoir manqué toute sa vie de ce supplément de truffe en dessert…

Et le pire dans tout cela, c’est que le monégasque n’y est pour rien :
    – abandon moteur en Espagne
    – stratégie ratée à Monaco
    – abandon moteur en Azerbaïdjan
    – pénalité moteur au Canada
    – stratégie défavorable en Grande-Bretagne

La frustration de trop pour Charles Leclerc, le visage fermé, qui se montrait vindicatif lors des échanges radio avec son équipe lors des derniers tours.

Mattia Binotto n’a pas tardé avant d’arriver vers son prodige afin de le recadrer pour éviter tout débordement médiatique au sortie de la course.

Auteur d’une performance défensive exceptionnelle face à Perez et Hamilton et plus rapide que son coéquipier sur l’ensemble de la course, il a subi la loi de la malchance et de son écurie.

Mattia Binotto Charles Leclerc F1 Scuderria Ferrari

Revenons sur le fil de la course pour comprendre comment on en est arrivé là.

Sainz, parti premier, va partir à la faute au 10eme tour en voyant Verstappen dans ses rétroviseurs. Un début de pression, une erreur.

Il n’y a visiblement pas qu’Elisabeth Borne qui mériterait un vote de confiance …

Heureusement pour lui, Verstappen va rouler sur un débris endommageant par là-même son fond plat, il sera contraint à l’arrêt au stand en catastrophe et terminera la course avec une voiture diminuée.

Le duo Ferrari s’installe donc en tête débarrassé de son rival principal.

Seulement voilà, sir Lewis était de retour en grande forme sur ses terres. Au volant de sa Mercedes, il constituait désormais la seconde menace puisque son rythme était supérieur à la Ferrari de Carlos Sainz.

Première décision houleuse :

Ferrari refuse d’appliquer des consignes strictes pour laisser passer le monégasque considérant que l’espagnol a ses chances en course et en championnat pilote.

Sainz commence à bouchonner Leclerc (pourtant impacté par une perte d’appui suite à l’accrochage avec Perez).

Sainz Leclerc hamitlon écart GP début
Hamilton, à 6 secondes, en profite pour revenir petit à petit sur le duo.
Sainz Leclerc hamitlon écart GP début 2

Ferrari décide alors de faire rentrer Carlos Sainz pour le chausser de pneus durs libérant la place à Leclerc sauf que celui-ci ne dispose plus que de 2 secondes d’avance sur Hamilton.

Sainz Leclerc hamitlon écart GP début 3

Ferrari fait alors rentrer Leclerc pour éviter l’undercut d’Hamilton. Charles ressort en pneus durs derrière Sainz mais avec des pneus plus frais de 5 tours.

Hamilton décide lui de rester en piste afin de chausser un nouveau train de pneu le plus tard possible.

Il espère ainsi revenir en fin de Grand Prix sur les pneus usés de Leclerc et surtout Sainz.

Sainz Leclerc hamitlon écart GP début 4

Deuxième décision discutable :

Alors que Lewis Hamilton affiche des chronos similaires à Carlos Sainz, aucune consigne n’est donnée. Leclerc, plus rapide, reste bloqué derrière son coéquipier pendant 6 tours. L’équipe finit par intervenir et ordonne à Sainz de laisser passer Leclerc.

Heureusement pour Sainz, Lewis va ressortir derrière lui grâce à un arrêt de plus de 4 secondes (au lieu de 2,5).

Sainz Leclerc hamitlon écart GP début 5

Leclerc, débarrassé de Sainz, va creuser l’écart à raison de 0,5 dixièmes par tour.

Malheureusement à 12 tours de la fin, Ocon abandonne provoquant l’intervention de la voiture de sécurité.

A ce moment, Leclerc est premier avec 4 secondes d’avance sur Sainz qui a 2 secondes d’avance sur Hamilton.

écart Leclerc, Sainz et Hamilton

Mais Ferrari est en danger car il est très probable que Hamilton rentre au stand chausser des pneus super tendres neufs lui donnant un avantage significatif sur les 2 Ferrari.

Pour rappel, la voiture de sécurité veut dire que tout le peloton va être regroupé derrière le leader.

Seulement voilà, les 2 Ferrari sont à 4 secondes l’une de l’autre, l’écurie ne peut pas faire rentrer Sainz et Leclerc en même temps. Le risque étant l’embouteillage au stand avec un Sainz attendant quelques secondes le changement de pneus de Leclerc et perdant la place au profit de Lewis.

C’est là que Ferrari décide de privilégier Sainz estimant qu’avec des pneus plus frais de 5 tours, Leclerc aura plus de chances de résister à ses poursuivants en pneus super tendres.

La suite est inévitable…

La course est relancée à 10 tours de la fin et le monégasque au prix d’une défense héroïque arrivera tout juste à sauver la 4e place avec ses pneus durs plus usés.

Mattia Binotto directeur Scuderia Ferrari F1

Pour Mattia Binotto, Ferrari a remporté une victoire et c’est tout ce qui compte.

Dans les faits, toutes les décisions ont avantagées indirectement Carlos Sainz. Alors que Charles Leclerc montre des performances bien supérieures, on est en droit de se demander pourquoi la règle du numéro 2 n’a pas effleurée l’esprit de la Scuderia.

Particulièrement puisque si la décision avait été prise suffisamment tôt, l’écart entre les 2 pilotes aurait été largement suffisant pour faire rentrer Leclerc et Sainz dans un même tour en cas de voiture de sécurité.

C’est une situation qui avait déjà eu lieu en 2019 en Russie entre Vettel et Leclerc. A l’époque déjà, l’écurie ne voulait pas froisser Vettel malgré le fait que Leclerc soit plus rapide que lui.

En ne laissant pas passer Leclerc, ils n’ont pas eu la marge nécessaire pour optimiser une éventuelle intervention de la voiture de sécurité. La Scuderia n’a semble-t-il pas totalement appris de ses erreurs passées.

Le pire, c’est qu’en relançant Sainz au championnat pilote, la Scuderia risque de reconduire ce schéma problématique dans les courses qui suivent…

Mercedes et Lewis de retour : la clé du marsouinage

Tu l’auras compris, l’enseignement de ce week-end ne tourne pas vraiment autour du résultat de la course.

On ne peut pas dire que ce soit une victoire renversante…enfin, sauf pour Zhou peut-être…

Puisque si Leclerc a été désavantagé et Verstappen handicapé, vu leurs rythmes respectifs, cela ne remet pas en cause leur statut de numéro 1.

Vu l’incident sur Perez en début de Grand Prix, il est presque logique dans ce schéma que Sainz remporte le Grand Prix.

Par contre, c’est bien la première fois de la saison qu’à la régulière une Mercedes est dans le rythme d’un des numéros 2 (Carlos Sainz).

Lewis Hamilton Mercedes F1

Je dis bien “numéro 2” car, pour moi, à la régulière, Hamilton ne pouvait ni aller chercher Verstappen ni Leclerc dans des circonstances normales.

On le sait, Lewis se transcende à domicile. C’est souvent à cette période qu’il fait son rappel de vaccin contre la rage. Rappel toi l’an passé : départ Grand Prix de Silverstone 2021

Il a dans tous les cas montré un rythme de course vraiment impressionnant ce dimanche.

Au-delà de cela, il a été supérieur à son coéquipier pour la deuxième fois d’affilée tout le week-end.

Sir Lewis est-il de retour ? Son dépassement spectaculaire à l’extérieur du virage de Luffield sur Leclerc montre qu’il est revenu à un niveau de confiance remarquable !

Tout cela est de bien bonne augure pour la suite du championnat.

Après un Grand Prix du Canada extrêmement convaincant, Mercedes semble avoir trouvé la bonne formule.

Le bémol finalement reste de ne pas avoir pu observer le rythme de Russell afin d’avoir une idée globale du rythme de l’écurie.

En tout cas, le retour à un rythme solide coïncide avec la réduction drastique du phénomène de marsouinage depuis le Canada.

Le dos des pilotes étant soulagés, ceux-ci semblent pouvoir se concentrer sur leur pilotage.

Le phénomène représente encore néanmoins une réelle inquiétude dans le clan Mercedes qui voit arriver le circuit de Budapest extrêmement bosselé avec un œil inquiet.

Toto Wolff directeur de l'écurie Mercedes AMG F1

De quoi se retourner le cerveau, un peu comme Zhou au premier virage…

Bon j’arrête avec cette blague, ça n’a ni queue, ni tête…

Baby schumi libéré

Après un début de saison chaotique ponctué d’erreurs qui ont coûté très cher en réparation à l’écurie HAAS, Mick Schumacher termine à une jolie 8e place.

Jusque là, le jeune Mick était pris entre de nombreuses erreurs et un peu de malchance.

Les 4 premiers Grand Prix ont été dominés par son coéquipier Kevin Magnussen auteur de performances remarquables. Depuis, le jeu s’est largement équilibré, et Mick a commencé à reprendre l’avantage mais n’arrivait jusque-là pas à concrétiser.

La raison ? 

Des erreurs à des moments cruciaux comme à Monaco où il s’envoit dans le mur alors qu’il lutte pour la 10e place ou à Miami où il s’accroche de manière évitable avec son ami Vettel alors à la lutte pour la 9e place.

Mick Schumacher F1

Après un Grand Prix d’Azerbaïdjan où, crispé par le fait de ne pas s’accidenter, il a affiché un rythme catastrophique, il est reparti de l’avant.

Au Canada, il y a 2 semaines, il était en lutte pour une belle place dans les points mais a été contraint à l’abandon.

N’oublions pas qu’il pilote chez Haas. Quand ils ont un bout d’aileron en moins, ils envoient Kevin le stagiaire en scooter aller chercher du ruban adhésif premier prix chez Liddle.
Et souvent il fait 2 aller-retour parce que je cite “Mince, j’avais pas pris assez c’était plus de 1 euro”.

Mais cette fois, rien ne pouvait arrêter Mick, sais-tu pourquoi ?

Il est le fils de celui dont on ne peut pas dire le nom, celui qui a régné sur la F1 comme jamais.

Michael Schumacher victoire Ferrari titre F1

Un jour je prendrai le temps de faire un article avec thèse, antithèse, synthèse pour t’expliquer pourquoi Michael Schumacher a été le meilleur pilote de toute la galaxie.

Bon, assez parlé de Dieux et de religions, revenons aux communs des mortels.

Si Mick Schumacher a obtenu une belle 8e place, il s’est surtout fait remarquer pour sa bataille avec Verstappen.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le néerlandais a été plus que limite. Il a très largement embarqué son compatriote en dehors de piste.

Sur ce Grand Prix il n’est pas le seul puisque nombre de manœuvres comme celle de Pérez qui tasse Hamilton pour le dépasser n’ont pas été sanctionnées.

Si ce laxisme laisse perplexe notamment quant à la cohérence avec les décisions prises lors des autres Grand Prix, il a le mérite d’être uniforme sur le format du week-end.

Et visiblement, cette souplesse a permis de nous offrir de belles batailles en piste alors on ne va pas s’en plaindre.

Reste néanmoins une cohérence à garder sur tous les circuits notamment pour que les pilotes puissent se situer dans les manœuvres à faire ou ne pas faire.

Prochain rendez-vous dès ce week-end en Autriche sur le superbe Red Bull Ring. Les Red Bull vont miser gros à domicile !

El mago

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