Tu n’as pas vu le Grand Prix ce week-end mais tu as vu passer de nombreux postes sur la nouvelle performance de Ferrari ?
Ici, nous allons analyser, calmement, sereinement et sans juger. Nous allons juste essayer de comprendre pourquoi le poste de directeur stratégique chez Ferrari est occupé par notre ami Gilbert.
Je suis désolé mais cette équipe et ses décisions ont de quoi rendre fou !
Honnêtement, si j’étais chauve, je trouverais quand même un moyen de m’arracher les cheveux !
Ferrari : A quand le calme après la tempête ?
Encore une fois on attendait beaucoup de la Scuderia sur ce week-end prometteur, encore une fois elle a déçu…
Pourtant 2ème et 3ème sur la grille derrière la surprise Georges Russell en pôle, la Scuderia aurait pu reprendre de précieux points sur Red Bull.
Seulement 10e et 11e sur la grille, Verstappen et Perez ont connu un samedi à oublier.
Perez a encore montré des signes de faiblesses en qualification ce qui commence à vraiment nuire à ses courses le dimanche.
Verstappen, handicapé par un problème moteur en Q3, se retrouvait à limiter la casse au championnat du monde.
Voilà sur le papier la situation au départ.
1H30 après, Verstappen gagne, Sainz fini 4e, Perez 5e et Leclerc 6e. Tout cela sans le moindre problème majeur sur les Ferrari ni circonstances de course défavorables.
Comment en est-on arrivé là ?
Tout d’abord, une donnée importante. En temps normal, un pilote garde le train de pneus sur lequel il s’est qualifié sur la grille.
Par conséquent, si celui-ci s’est qualifié en pneu tendre, il devra partir avec ce train de pneus qu’il a utilisé lors des qualifications.
Cependant, comme les qualifications ont eu lieu sous la pluie, les pilotes ont le choix de choisir avec quel pneu partir.
En même temps, il n’y a que Yuki le roi des esquimaux pour faire des donuts en été avec des pneus neiges à l’arrière du parking d’Auchan.
Les 2 Ferrari choisissent de partir avec des pneus médium qui permettent de tenir environ une dizaine de tours supplémentaires comparé à des gommes tendres.
Russell lui s’élance en tendres, lui offrant une meilleure adhérence et de ce fait un bon départ pour préserver sa 1ere place.
Lors des premiers tours, Russell va creuser l’écart (environ 2 secondes et demi). Puis, petit à petit, sa gomme va s’user et Sainz, suivi de près par Leclerc, va revenir à 1 seconde.
Jusque-là, tout se passe bien et logiquement Ferrari affiche un rythme supérieur à Mercedes.
Coup de bluff ou coup de génie ? La Scuderia demande explicitement à la radio à Sainz de rentrer au 16e tour provoquant l’arrêt de Russell chez Mercedes.
Un arrêt très tôt qui va handicaper le pilote Mercedes condamné à effectuer 2 autres relais en médiums plus long que prévu.
La signification ? Il va devoir rouler plus lentement pour prendre soin de ses pneus afin de ne pas faire un arrêt supplémentaire qui lui coûterait trop de temps.
Ferrari a la voie dégagée, avec 10 secondes d’avance sur Hamilton en médiums lui aussi.
Et pourtant, inexplicablement, Ferrari va faire rentrer Sainz au stand pour lui chausser…des médiums comme Russell…
Enfin je dis “inexplicablement” mais bon on connaît la raison. Si tu fais rentrer Sainz, Leclerc a la voie libre sans que l’écurie ait à demander à l’espagnol de s’écarter (ce qu’il n’est pas sûr de faire du tout).
Le fameux problème du second pilote qui est trop proche au classement de son coéquipier et qui croit encore au titre…
La version officielle de Binotto, j’en suis sûr, sera plutôt : “Russell avait fait un arrêt un peu long au stand, on pensait ressortir devant”.
Loupé ! Sainz ressort derrière Russell et sa course est désormais bien moins reluisante. Il avait un avantage pneumatique, il n’a plus rien et est toujours derrière son adversaire.
A ce stade, tu as jeté ta casquette Ferrari mais tu ne l’as pas encore brûlé entièrement au Napalm en invoquant des rites sataniques.
Le mieux reste à venir puisque Leclerc rentre au stand au 22e tour.
Il ressort et nous offre encore un dépassement incroyable sur Russell :
Tu t’es bien chauffé ? On attaque la descente.
Pour que tu aies une vue globale, le Grand Prix de Hongrie compte 70 tours.
Si l’on part sur une stratégie à 2 arrêts, il faudrait plutôt faire 25 tours en médium sur les 2 premiers relais et 20 sur le dernier en super-tendre.
Cependant, lorsque tu roules avec moins d’essence tu abîmes moins tes pneus, tu peux donc allonger tes prochains relais plus facilement.
Sauf qu’entre-temps, Verstappen est revenu à seulement 5 secondes de Leclerc
Red Bull décide de le faire rentrer au stand afin d’effectuer son dernier arrêt en pneus médiums sur lesquels il devra néanmoins parcourir 30 tours.
Il n’en fallait pas plus pour Ferrari qui va faire rentrer Leclerc afin de s’assurer de ressortir devant Verstappen pour garder l’avantage en piste.
Malheureusement, en Formule 1, tu es obligé de mettre 2 trains de pneus différents lors d’une course. Ferrari ne peut, de ce fait, pas mettre des pneus médiums.
Faire 30 tours sur des pneus tendres en Hongrie c’est globalement du suicide. Il ne reste donc que les pneus durs.
Sauf que les pneus durs, une équipe les a chaussé au premier relais, il s’agit d’Alpine. On a pu constater le rythme catastrophique de ces pneus.
Alonso perdait environ 1 seconde par tour sur Norris en medium avec des pneus pourtant de 7 tours plus frais.
Sans surprise, le rythme en piste de Leclerc en dur fut catastrophique. L’équipe se résoudra même à le faire rentrer au stand pour chausser des tendres après avoir été dépassée par Verstappen puis Russell.
Mattia Binotto n’a pas tort sur un point, les conditions très fraîches de dimanche ne convenaient pas à la Ferrari qui affichait des relais prometteurs en essais libres sous forte chaleur.
La victoire n’était pas si évidente que cela dimanche.
Mais si seulement cette explication suffisait à masquer toutes ces errances stratégiques…
Aston Martin : un champion remplacé par un autre
On le sentait venir, Vettel va donc faire ses adieux à la Formule 1 en fin d’année.
Sur une voiture peu compétitive, l’allemand a montré depuis le début de la saison un intérêt moindre pour la compétition sportive.
Et pourtant, ses prestations restent intéressantes.
Il bat régulièrement Lance Stroll qu’il devance au championnat.
Après, de mémoire, je crois que Jamel Debouzze l’avait lui aussi battu en compétition handisport.
J’ai un doute sur la date exacte…
Très préoccupé par les sujets environnementaux, il a ouvertement parlé de la contradiction qui l’animait.
Il est clair qu’aujourd’hui la Formule 1 a un travail colossal à fournir afin de rentrer dans des normes environnementales ne serait-ce que correctes.
Vettel ne se voyait pas rester dans une équipe qui vise le long terme afin de revenir jouer un jour le titre.
Il a aussi largement affiché son envie de se concentrer sur sa famille.
Certes, Vettel est dans une équipe de milieu de grille et n’est plus à son meilleur niveau mais il reste 4 fois champion du monde.
C’est une légende de la F1, seul 3 pilotes ont fait mieux :
Juan Manuel Fangio : 5 titres
Lewis Hamilton : 7 titres
Michael Schumacher : 7 titres et une aura légendaire
Oh ça va, je peux être un peu subjectif de temps en temps, on parle de Michael là !
Si l’on retrace son histoire, Vettel aura réellement connu plusieurs périodes bien distinctes.
Arrivé chez Sauber en 2007, il effectue sa première année de rookie de manière solide puis s’impose à la surprise générale à Monza en 2008 sur une Toro Rosso sous la pluie.
Il s’ouvre la voie royale de Red Bull. L’année 2009 est une parenthèse F1 dominée par un concept hors norme d’une écurie Brawn GP.
Dès 2010, il lance la domination Red Bull en remportant le titre de champion du monde dans ce qui restera l’une des années avec le plus de prétendants au titre depuis très longtemps.
Il enchaînera sur 3 titres consécutifs en écrasant particulièrement la concurrence en 2011 et 2013.
Avec l’arrivée des moteurs hybrides, la voiture est transformée et Vettel va souffrir au côté du jeune pilote Ricciardo et réalise une saison compliquée.
Vettel va alors se lancer dans l’aventure Ferrari afin de remporter un titre avec la Scuderia en remplacement d’Alonso qui aura échoué à réaliser ce rêve malgré toutes ses tentatives.
Ironie du sort, c’est ce même Fernando qui viendra le remplacer sur cette fin de carrière.
Les histoires se répètent chez Ferrari, des grands pilotes mais toujours trop de pression qui font chavirer le navire italien. Tu vois Charles, il n’y a pas que toi qui douille !
Si en 2015, il s’offre une belle année d’entrée pleine d’espoir, dès 2016, Vettel montre des signes d’essoufflements. Il conclut cette saison en demi-teinte à peine devant un Raikkonen peu éblouissant.
En 2017 et 2018, alors que Ferrari et Vettel font concurrence à Mercedes et Hamilton, l’écurie et le pilote vont sombrer sur un enchaînement de Grand Prix.
En 2017, il referme inutilement la porte sur son coéquipier et Verstappen au départ de Singapour entraînant un carambolage avant d’enchaîner sur 1 pénalité et 1 abandon moteur.
Le trou est fait en faveur d’Hamilton.
En 2018, en lice pour le titre, il part tout seul à la faute en tête en Allemagne avant de s’accrocher à plusieurs reprises sur différents Grand Prix en deuxième partie de saison hypothéquant ses chances de titre.
La suite, on l’a connaît. L’arrivée de Leclerc va déstabiliser Vettel et l’amener à terminer sa carrière chez Aston Martin.
Au-delà de son palmarès, Vettel reste un icône emblématique qui s’est bonifiée avec l’âge, devenu sage dans ses interviews, sa réflexion à long terme et ses convictions.
Le départ d’Alonso déclenche une avalanche
Après l’annonce de son départ, le suspense était de mise puisqu’il y avait bon nombre de prétendants mais pas de réels favoris.
Je n’ai même pas eu le temps de me chauffer sur des pronos farfelus. Mr Fernando Alonso m’a grillé la politesse et a été annoncé par Aston Martin comme pilote 2023.
Avec du recul, cela fait sens.
Alpine a 3 profils à disposition: Ocon, Piastri (vainqueur F3 et F2 et pilote réserve), Alonso.
Alonso a probablement voulu s’offrir un contrat pluriannuel qu’Alpine ne pouvait lui offrir.
L’écurie souhaitait ne pas trop faire tarder son poulain Oscar Piastri sur le banc de touche et voulait de ce fait offrir un contrat court à l’espagnol.
Seulement, difficile pour Alpine de congédier un Alonso auteur de performance splendide et dominant son coéquipier sur la plupart des week-end de course.
En ayant perdu Vettel, Lawrence Stroll a logiquement orienté son intérêt vers Alonso.
Après avoir reçu la réponse du refus de prêt étudiant de Lance Stroll, papa Stroll a dû intervenir pour marquer le coup.
Aston Martin a donc pu proposer un salaire probablement colossal à l’espagnol et un contrat sur plusieurs années.
C’est là que cela devient intéressant. Alonso ne semble pas avoir prévenu Alpine. Il semblerait que ce nouveau contrat ait été signé dans un temps record.
L’écurie a dans la foulée couvert ses arrières en annonçant la promotion d’Oscar Piastri au poste de pilote titulaire en 2023.
Sauf que, coup de théâtre, le prodige australien annonce ne pas avoir signé de contrat de pilote titulaire et réfute cette information. Et pour cause, il est en pourparlers avec Mclaren pour le poste de Ricciardo !
Les chaises musicales sont lancées, tant que la musique continuera, l’ensemble des prétendants ne pourront s’asseoir à leur place…