F1 Grand Prix de Bahreïn 2023 : les enseignements

F1 Grand Prix de Bahreïn 2023 : les enseignements

Un bon hiver, c’est sous la couette devant un Grand Prix avec une tartiflette à digérer.

Et pourtant, ce dimanche, on a mis ce plat de côté pour le remplacer par une paella sauce Fernando Alonso qui nous a régalé du début à la fin !

En 1h30, le type te fait mieux apprendre l’espagnol que ton ancienne prof mannequin et son diplôme international du “Spanish international Institute”.

Le show Alonso et Aston Martin

C’est peu dire que l’écurie Aston Martin a confirmé ce qui avait été entrevu en présaison.

Rayonnante tout le week-end et menée par son leader Fernando Alonso, l’écurie a marché sur l’eau.

Lors des qualifications, les 2 Aston Martin ont échoué à une place plus ou moins attendue compte tenu de la supériorité de Red Bull et Ferrari dans ce domaine.

Néanmoins, déjà, Alonso s’est offert le scalp des 2 Mercedes en se qualifiant 5e devant Hamilton et Russell.

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De son côté, Lance Stroll a survécu miraculeusement au retrait intempestif des 2 roues permettant l’équilibre d’un enfant de 5 ans sur son vélo.

Il a donc pu effectuer son retour le week-end dernier au détriment de Felipe Drugovich (le pilote réserve).

On ne va pas se mentir, au-delà de la blague, on aurait vraiment aimé voir le brésilien faire une ou 2 courses en début de saison pour voir son talent à l’oeuvre.

Il est vrai que j’ai l’habitude de tailler Stroll, mais je dois reconnaître que, compte tenu de sa blessure, sa qualification en 8e place à 5 dixièmes d’Alonso était honnête.

Heureusement, il m’a tout de suite rassuré…Après le départ, il s’est complètement loupé au freinage du virage 3 et a failli harponner Alonso.

Il y aura finalement une légère touchette, juste de quoi être certain que l’espagnol soit dépassé par les 2 Mercedes après un départ moyen.

Ce n’est pas très fairplay, mais bon Fernando va se plaindre à qui ? Stroll sénior ? M-D-R…

A ce stade, notre attention se portait sur le rythme d’Alonso et son Aston Martin sur les longs relais face aux Mercedes.

Et l’espagnol ne nous a pas déçu !

Il a rapidement affiché un rythme solide, restant aisément dans le sillage de Russell.

Alonso n’a pourtant pas pu attaquer celui-ci avant la fin de son premier relais. L’explication ?

L’Aston Martin a une faible vitesse de pointe (environ 7 km/h de moins que la Ferrari) qui contraste fortement avec une tenue de route exceptionnelle dans les virages lents.

Lors des qualifications, les données ont montré que l’Aston Martin d’Alonso était la plus rapide des voitures du plateau dans ce type de virages.

L’écurie devrait donc être redoutable dans les circuits où ces virages lents sont légions : Monaco, Singapour ou encore Budapest.

Et surtout, Aston Martin a une dégradation extrêmement faible de ses pneus !

C’est en fin de relais, sur un Russell agonisant qu’Alonso a pu effectuer sa manœuvre de dépassement pour occuper la 6e place.

Une fois débarrassé de Russell, Alonso et Aston Martin ont tout simplement reproduit le même schéma, à savoir tenir le rythme de la Mercedes d’Hamilton pour fondre sur lui en fin de second relais.

La Mercedes, elle, avait une dégradation bien supérieure à celle de l’Aston Martin.

Si tu regardes du foot, la manœuvre de dépassement d’Alonso sur Hamilton est digne de la reprise de volée de Zidane en finale avec le Real Madrid.

Alors que celle de Stroll en début de Grand Prix correspond plus au coup de tête sur Materazzi.

Cerise sur le gâteau, Alonso a finalement déposé Sainz lui aussi à l’agonie avec ses pneus pour s’emparer de la 3e place après l’abandon de Leclerc.

Sur les 12 derniers tours avec le champ libre, l’espagnol a même maintenu l’écart avec les Red Bull !

Il faut néanmoins nuancer puisqu’il est fort probable que le duo Red Bull, ayant course gagnée, ait réduit sa puissance moteur afin de rallier avant tout l’arrivée.

Mercedes et Ferrari : une agonie partagée

Les maux ne sont pas les mêmes certes mais pour l’une comme pour l’autre, la désillusion était grande à Bahreïn.

Alors je sais que lorsque tu arrives en tant que directeur, tu dois te montrer diplomate et passer par une phase d’observation.

Mais franchement, on pourrait pas enfin virer Gianluigi le stagiaire envoyé par Biocoop qui verse son mélange d’huile végétale et de coco dans le moteur de Charles Leclerc depuis l’année dernière ?

L’abandon reste certes une partie intégrante de la formule 1.

Mais, après les problèmes de fiabilité de l’année dernière, celui-là fait mal…

Cependant, la véritable inquiétude, c’est la dégradation pneumatique très forte de la Scuderia Ferrari entraînant une chute de performance supérieure à celle de ses adversaires.

Ferrari et Leclerc ont bien tenté quelque chose en économisant un train de pneus neuf, ne se lançant que dans une seule tentative lors des qualifications.

Mais tout cela en vain. 

Quand bien même Leclerc pouvait tenir le rythme de Perez, il était en incapacité de suivre celui de Verstappen.

Symbole du gouffre de performance pneumatique avec Red Bull, Leclerc a dû s’arrêter avant Perez car il était en souffrance avec ses pneus neufs, lui qui pointait déjà à près de 10 secondes de Verstappen au bout de 14 tours.

Alors que Leclerc et Ferrari ont chaussé des pneus durs, Red Bull est resté sur une stratégie agressive en chaussant à nouveau des pneus tendres.

Et là, la différence a fait TRÈS mal. Perez a non seulement dépassé Leclerc et repris facilement la 2e place mais, de son côté, le monégasque a dû s’arrêter avant lui car ses pneus étaient à nouveau en difficulté.

Le mal est profond et cette gestion de gommes doit être la nouvelle priorité de la Scuderia.

Autre source d’inquiétude, Alonso a terminé à environ 35 secondes de Verstappen.

Si Leclerc n’avait pas abandonné, au vu de son rythme, il aurait fini dans ces eaux-là.

Alonso aurait donc été une menace alors qu’il partait 5e sur la grille tout en restant bloqué un bon tier de la course derrière Russell.

Alonso Leclerc F1

Quelle lueur d’espoir dans tout cela ?

La dégradation des pneus peut évoluer, elle est souvent directement liée aux réglages, nous ne sommes qu’en début de saison.

Le rythme de la Ferrari reste intéressant et au prix d’une bonne évolution ou d’une meilleure compréhension de leur monoplace, l’écurie pourra largement progresser pendant la saison.

Elle reste une voiture ultra-rapide en ligne droite et très performante dans les virages à haute vitesse.

L’autre écurie en souffrance dans le domaine des pneus, mais pas que, c’est Mercedes.

Toto-Wolff-Baku

On est pas à l’abri que Toto se mette à pleurer pendant une réunion de directeur en arborant son t-shirt préféré face caméra “Lewis, tu es 16 fois champion du monde dans mon coeur !”.

A Barhein, il n’y a pas de discussion là-dessus, l’écurie était la 4e force du plateau.

Aston Martin a confirmé grâce à une meilleure tenue pneumatique être supérieure aux Mercedes.

Mais surtout, Mercedes ne semble pas avoir de points forts sur sa voiture contrairement à ses 2 adversaires directs : Aston Martin et Ferrari.

L’écurie a démontré l’année dernière avoir les ressources pour remonter, mais il faut pouvoir s’appuyer sur les points forts de sa voiture.

C’est sur ce point essentiel que la marge de progression est moins enviable par rapport à Ferrari.

En grande difficulté aussi avec ses pneumatiques (peut-être un peu moins que Ferrari), la performance pure n’en reste pas moins inquiétante.

Le mieux pour Mercedes c’est de faire voter une nouvelle règle à la FIA pour un réhaussement du plancher (encore) de 20 mm.

Ou alors on rajoute des poids de 200 kg sur chaque Red Bull, proposition déposée probablement par Toto Wolff dans 3 Grand Prix maximum…

Au moins tu es sûr d’équilibrer la course !

caisse à savon congo

Red Bull sur une autre planète, Alpine et Mclaren déçoivent

J’aimerais bien te dire que cette année, on va avoir une bataille à plusieurs, que Perez va venir titiller Verstappen pour le titre, que Ferrari va redresser la barre ou bien même qu’Aston Martin peut rivaliser avec Red Bull…

Je sais que la vérité est dure à entendre mais plus tôt on le dit, mieux c’est.

Verstappen et Red Bull seront champions du monde 2023, c’est quasiment sûr à 99%.

Pourquoi ? Déjà parce qu’on le sait, à la régulière, Verstappen sur une année ne sera pas battu par Perez.

Puis, le second indice, c’est évidemment l’écart astronomique entre Red Bull et ses adversaires.

Si Leclerc avait terminé le Grand Prix de Bahreïn, il se serait trouvé probablement à plus de 30 secondes de Verstappen.

Un gouffre qui signifie que Ferrari, le plus proche adversaire, est presque à 7 – 8 dixièmes au tour de Red Bull en course.

Je ne vois pas comment rattraper cela même sur une année. Il est évident que lorsque Ferrari va progresser, Red Bull ne va pas se tourner les pouces.

Entre les retraites, ton chat qui refuse de pisser dans la litière et maintenant le championnat pilote plié, super l’hiver !

On espère bien sûr que l’écart se réduira au fil de la saison mais le différentiel de performance au départ est trop important.

Néanmoins, en sport en général, on est pas obligé de tirer du plaisir que pour les batailles au titre pilote (et constructeur).

Et oui, il y a bien des gens qui le dimanche regardent le FC Albi contre Valenciennes…

Et mieux, qui y tirent du plaisir !

Bon après souvent ils regardent ça après s’être enfilé 7 canettes de 1664, c’est vrai que ça passe mieux…

3eme mi-temps soiree

Alors tentons de nous concentrer sur cette bataille alléchante pour cette seconde place constructeur entre Aston Martin, Ferrari et Mercedes.

Une question se pose : qui gagnera la course lorsque les Red Bull ne seront pas là ? (accident, contre-performance, pénalités…)

Si Red Bull a assommé la concurrence avec une ultra-domination et Aston Martin a surpris par des performances remarquables, Alpine a montré un visage inquiétant.

Ocon a effectué une qualification intéressante mais en partie décevante car battu par Bottas derrière les 4 tops teams.

Ensuite, tout est allé de travers, il a abîmé son aileron tout seul, a écopé d’une pénalité de 5 secondes pour s’être mal positionné sur la grille, puis de 10 secondes pour avoir mal exécuté sa pénalité puis encore de 5 secondes pour dépassement de la limitation de vitesse lors de son arrêt.

La faute incombe autant à Ocon qu’à son équipe.

De l’autre côté du garage, certes Gasly a effectué une belle remontée pour terminer 9e, mais il a été aidé par la virtual safety car, gagnant 10 secondes.

La vraie inquiétude, c’est le rythme démontré, Alpine semble entre presque 1 seconde au tour plus lent que Ferrari, Mercedes et Aston Martin.

GP-Hongrie-Prost-Alonso

L’objectif était pourtant clair pour la structure, réduire l’écart !

Il n’en est rien et Bottas a démontré qu’Alfa Romeo pourrait même représenter une menace si l’écurie ne venait pas à progresser rapidement et gagner en fiabilité.

Quand à Mclaren, c’est la débâcle annoncée. La présaison catastrophique a été suivi d’un Grand Prix qui l’était tout autant.

Pas de rythme, un double abandon, l’écurie est aux abois et semble comme l’année dernière condamnée à redresser la barre durant la saison.

Une saison de plus à tenter de remonter dans la hiérarchie à une place de milieu de grille pour une écurie qui se rapprochait encore peu des tops teams…

Le prochain Grand Prix à Djeddah sur un circuit avec des courbes à haute vitesse devrait voir les Ferrari plus à leur aise.

Il faudra comme toujours attendre un retour en Europe probablement fin mai au Grand Prix d’Emilie Romagne afin de voir une vraie hiérarchie s’afficher.

D’ici là, les réglages vont s’affiner et les premiers défauts seront corrigés.

El mago

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